INTRODUCTION : LA RDC

Douze millions de morts en une vingtaine d’années : C’est la conséquence désastreuse d’une ruée sans pitié vers les richesses de la République Démocratique du Congo (RDC). En effet, les milices armées sévissent à l’Est du pays, répandant la terreur parmi les populations, afin d’occuper les territoires et de favoriser le trafic illicite des minerais.  De plus, les affrontements entre l’armée et la milice Kamwina Nsapu au Kasaï plongent également le centre du pays dans le chaos.

CONTEXTE

La RDC est un pays d’Afrique centrale comptant environ 80 millions d’habitants et une superficie équivalente à quatre fois celle de la France. Qualifié par certains de scandale géologique, le sol congolais regorge de ressources naturelles comme le diamant, l’or, le cuivre, le cobalt, le coltan… Tout ceci devrait en faire l’un des pays les plus riches de la planète. Cependant, la RDC figure parmi les dix pays les plus pauvres au monde.

Les cinq cents dernières années de l’histoire du peuple congolais sont caractérisées par un enchaînement de malheurs et abus de tout genre. De la terrible traite négrière jusqu’à l’indépendance, en passant par la sombre période léopoldienne, les Congolais ont énormément souffert de la cupidité des autres nations. Aujourd’hui encore, les nombreuses richesses de la RDC sont la cause principale d’un conflit extrêmement sanglant. Le Congo est ainsi la victime impuissante du plus grand désastre humanitaire depuis la Seconde Guerre Mondiale.

MORTS, FAMINE ET DEPLACEMENTS
DE POPULATIONS

Entre les morts de faim, les morts dans les mines et les morts dans les massacres, les affrontements et les viols ; il est très compliqué de chiffrer l’hécatombe subie par le Congo depuis plus de vingt ans. La plupart des analystes et médias s’accordent pour parler d’une fourchette entre six et douze millions de morts.
Ces chiffres sont difficiles à digérer, impossibles à réaliser et trop grands pour ne pas s’indigner.

Dans les ténèbres de ce conflit, un fléau ravage la population : La famine. Dans une situation de guerre,
les civils sont automatiquement confrontés à des difficultés, voire à l’impossibilité de se nourrir. En effet, le climat de violence et de terreur paralyse beaucoup d’activités économiques. Des paysans vivant du produit de leurs terres en sont chassés ; d’autres ne peuvent pas aller travailler car ils y risqueraient leur vie. De nombreux Congolais sont prisonniers dans un cycle de précarité, de pauvreté et d’insécurité alimentaire, que seule la paix pourra résoudre.

 

En janvier 2018, l’ONU publiait un rapport (1) selon lequel environ 13 millions de personnes nécessitent une aide humanitaire cette année au Congo. L’UNICEF (2) évoquait récemment une crise dans les provinces du Tanganyika et du Sud-Kivu où des centaines de milliers d’enfants sont privés de soins médicaux et d’éducation, et des milliers menacés de malnutrition sévère.

Les troubles de l’Est et du Centre du pays ont également causé d’énormes flux de populations, craignant pour leur vie. Les Nations Unies parlent de 4 millions de personnes déplacées. Au-delà de la polémique suscitée par ce chiffre, la situation des populations reste dramatique.  Ainsi, il est regrettable de constater que le président congolais lui-même s’oppose aux estimations des ONG et minimise la misère dans laquelle se trouve la RDC.

En attendant, des hommes, des femmes et des enfants vivent dans des camps de réfugiés au Congo. D’autres réussissent à trouver l’asile dans des pays étrangers, à l’instar du Burundi et de l’Ouganda qui accueillent aujourd’hui des milliers de Congolais. Tandis que l’Angola reçoit les personnes fuyant le Kasaï.

DES VIOLS DE MASSE COMMIS SUR UN PEUPLE AFFAIBLI

En RDC, le viol n’est pas seulement utilisé comme une « simple » arme de guerre, il est une arme de destruction massive. A l’heure actuelle, le Congo est malheureusement connu pour le nombre exorbitant de viols commis, et aussi pour la barbarie des agressions sexuelles.

Dans toutes les parties du globe, le viol est tabou. Les victimes blessées, meurtries, salies ont beaucoup
de mal à partager leur expérience et à porter plainte. La RDC n’est pas exempte de ces réalités. Ainsi, la plupart des cas n’étant pas rapportés, il est encore une fois délicat de s’avancer sur des chiffres précis.
Une chose est sûre, on peut parler de centaines de milliers de cas de viols ces dernières années en RDC.

Des femmes, des jeunes filles et de plus en plus de bébés sont violés quotidiennement en RDC. Ces viols, qui peuvent durer plusieurs jours, sont souvent réalisés collectivement et/ou en public pour détruire jusqu’à l’âme des communautés et des familles. Les pratiques inhumaines des agresseurs peuvent inclure l’intrusion d’objets, comme des bâtons ou des rasoirs dans les parties intimes des victimes. Dans certains cas, l’agresseur tire une balle ou met le feu dans le vagin de la personne agressée.

Dr Denis Mukwege

Le Dr Denis Mukwege, chirurgien spécialisé dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles, se bat pour faire cesser ce crime contre l’humanité. Il témoigne au monde de ce qu’il voit dans son hôpital situé au Sud-Kivu, à l’Est de la RDC.  Il raconte l’horreur des organes d’enfants écrasés par la violence des pénétrations subies, et la destruction des parties intimes de certaines femmes, qui ne peuvent plus retenir leurs selles et leurs urines. Selon lui, des patientes doivent subir plusieurs opérations et rester allongées des mois entiers dans des positions inconfortables, afin de se rétablir physiquement (3, 4, 5).

Les conséquences de ces pratiques barbares sont le brisement des familles et des communautés, les traumatismes à vie, les grossesses post-viols, l’infection de certaines victimes par des maladies sexuellement transmissibles comme le VIH, les blessures physiques très difficiles ou impossibles à guérir, les décès…

Parmi les agresseurs, on peut nommer des membres de milices étrangères et des soldats de l’armée congolaise. Dans la majorité des cas, les bourreaux ne sont pas punis.

CONCLUSION

Tant que les causes de la guerre et le contexte qui la favorise ne cesseront pas, la situation humanitaire de la RDC ne fera qu’empirer. Toute l’aide que l’on apportera pourra, certes, soulager les maux mais pas les guérir. Il faut bien entendu continuer à soutenir les populations en détresse. Cependant, il est encore plus important de s’attaquer à la racine du problème, à savoir les groupes armés, les multinationales, les grandes puissances, les dirigeants congolais et les consommateurs irresponsables, qui sacrifient la population congolaise au profit de leur bien-être.

POUR RECEVOIR D'AUTRES ARTICLES
POUR PARTICIPER

 

 

  1. https://news.un.org/fr/story/2018/01/1001672
  2. https://news.un.org/fr/audio/2018/01/1002501
  3. http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/07/16/dans-l-est-du-congo-les-viols-comme-armes-de-guerre_3448206_3212.html
  4. Documentaire : L’homme qui répare les femmes : La colère d’Hippocrate
  5. Livre : Plaidoyer pour la vie, Denis Mukwege